Sortie adhérents du 26 septembre 2025 à Royan
Vendredi 8 novembre 2024par Stéphane Guégan, historien de l’art.
Entre mémoire et modernité, Royan se dévoile
Le temps d’une journée, Royan a invité nos adhérents à explorer son histoire singulière : le matin, à travers les photographies vibrantes des années soixante et les collections du musée, puis l’après-midi, au fil des lignes audacieuses de ses bâtiments emblématiques, témoins de la reconstruction d’une ville résolument tournée vers l’avenir,
La matinée : le musée de Royan
Le matin, le groupe a été accueilli au musée de Royan par sa directrice, Isabelle Debette. Installé dans l’ancien marché de Pontaillac, le musée permet de découvrir l’histoire de la cité balnéaire à travers différentes thématiques de la toute première occupation par l’homme aux années 50. Il met ainsi l’accent non seulement sur les épreuves subies par la ville au fil du temps (les tempêtes, les courants, les pirates et la guerre) mais aussi sur ce qui fait sa richesse avec en particulier la création des bains de mer. Maquettes, photos, panneaux explicatifs, tablettes offrant des diaporamas accompagnent le visiteur. Des œuvres de différents artistes (Balandre,Dora Maar, Debré…) jalonnent le parcours montrant que la ville fut aussi source d’inspiration et/ou lieu de villégiature, Un espace est consacré au séjour de Picasso.
Un moment de convivialité
Après cette matinée de découverte de l’histoire de la ville, le déjeuner au casino de Pontaillac a offert un moment de convivialité et d’échanges entre les adhérents.
L’après-midi : à la découverte de l’architecture des années 1950
La journée s’est poursuivie par une visite guidée d’Antoine Juge, qui a conduit les participants à la découverte de l’architecture moderniste des années 1950 à Royan.
Plus qu’un décor balnéaire, cette architecture est un véritable manifeste de modernité.
De l’église Notre-Dame au marché central, chaque bâtiment raconte une page de la reconstruction française.
→ Le Palais des congrés
La déambulation a débuté au Palais des Congrès, classé Monument historique depuis le 1er juillet 2025.Œuvre de Claude Ferret, architecte en chef de la reconstruction, le bâtiment, achevé en 1957, arbore les couleurs de la gamme Prouvé (bleu dynastie, jaune citron, gris Vermer). Sa polychromie, inspirée du Brésil et du mouvement moderne, se retrouve dans de nombreux édifices royannais de la période. La façade joue sur les jeux de lumière et d’ombre, grâce aux hublots, ouvertures rectangulaires et brise-soleil verticaux en voiles de béton.
→ L’église Notre-dame
Le groupe s’est ensuite dirigé vers l’église Notre-Dame, construite par Guillaume Gillet avec les ingénieurs Bernard Lafaille et René Sarger entre 1955 et 1958. Le programme architectural comprenait, outre l’église, un centre paroissial et un presbytère.L’édifice répondait à des contraintes techniques (dimensions, déclivité du sol, emploi du béton armé) tout en intégrant des éléments traditionnels. On peut ici parler de « gothique moderne », notamment par l’importance donnée à la hauteur et aux surfaces vitrées.Des marches conduisent les fidèles dans une descente vers le chœur, de manière quasi théâtrale. Le contraste est saisissant entre l’extérieur, sombre et austère, et l’intérieur, immense et inondé de lumière par les vitraux. Le mobilier (bénitiers, confessionnaux, chandeliers…) a été également dessiné par Guillaume Gillet.
→ Le centre protestant
À proximité de l’église catholique, formant avec elle un ensemble dédié à la spiritualité, s’élève le centre protestant.
Le choix fut fait de remplacer les trois lieux de culte d’origine (dont deux détruits pendant la guerre) par un ensemble cultuel unique, surplombant le cimetière protestant.
Il regroupe le temple, le diaconat, une salle de réunion et la maison du pasteur. Un préau relie l’espace couvert au temple, créant une transition harmonieuse entre la rue et le lieu de culte. Les percées ouvertes, le pin parasol qui s’y dresse et le clocher déporté sur la gauche conduisent naturellement le regard vers le ciel.
Centre Protestant, Photo AMS.
→ Le marché central
Le parcours s’est achevé au marché central, également dirigé par Claude Ferret.
Sa forme novatrice constitue une véritable prouesse technique, réalisée avec les ingénieurs Lafaille et Sarger. L’édifice est couvert d’un mince voile de béton plissé monolithe de dix centimètres d’épaisseur, évoquant la coquille d’un coquillage.L’absence de piliers libère un large espace au sol, tandis que la lumière pénètre par des briques de verre insérées dans le plafond et de grandes baies vitrées aux tympans..
Une journée enrichissante
Cette journée a permis à chacun de mieux comprendre l’histoire de Royan et de porter un regard plus éclairé sur son architecture, entre mémoire et modernité.










